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TEAM Henri Fabre est une association d’industriels, dont la présidence est tournante tous les 3 ans, entre deux acteurs majeurs du territoire : Airbus Helicopters et EDF. Stéphanie MARCO succède ainsi à Pierre MARET (Airbus Helicopters) au terme de son mandat.

Stéphanie Marco, vous êtes la nouvelle présidente de TEAM Henri Fabre, vous avez pris vos fonctions très récemment, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

J’ai un long parcours de 19 ans chez EDF. Après avoir fait une première partie de carrière dans la communication financière. J’ai travaillé dans différentes entités, mais toujours avec une dimension industrielle et un fort ancrage au territoire. C’est d’ailleurs ce que j’ai le plus apprécié dans mon parcours : être dans un monde industriel, fortement connecté à son territoire et à son environnement.

J’ai pris en septembre dernier les fonctions de directrice d’EDF Hydro Méditerranée, en charge de l’exploitation des aménagements hydroélectriques de la Durance et du Verdon. J’avais auparavant occupé pendant 3 ans des fonctions de direction générale au Moyen Orient, pilotant principalement le développement de projets d’énergie décarbonée, en interaction forte avec le territoire.

J’ai également été en poste en Guyane Dans ce coin de France, en Amérique du Sud, l’environnement est également  particulier, il faut donc s’y habituer.  Ma mission à Hydro Méditerranée est un retour vers une énergie que je connais bien, puisqu’il y a quelques années j’étais en poste dans le Massif central à Hydro Centre.  

Un autre territoire … encore  ! Chacun a ses particularités et ses attraits.

 C’est ce qui est intéressant dans le Groupe EDF : la possibilité de connaître des parcours différenciés et de se réinventer en restant dans la même entreprise.

Vous qui êtes économiste de formation, vous travaillez chaque jour avec des techniciens et des ingénieurs, comment assurez-vous une bonne communication entre vous ?

Ce qui m’anime, c’est la curiosité !   J’ai besoin de comprendre « comment ça marche ». Avec les ingénieurs, nous partageons ce caractère passionné, …, nous finissons donc toujours par parler le même langage.  Lorsque nous avons un objectif commun, nos cerveaux se complètent, on fait la conjonction des 2 mondes ! L’économique ne peut se déconnecter de la technique et inversement, il faut une réalité économique pour que les projets industriels soient soutenables !

Qu’est-ce qui vous a fait accepter de prendre ce mandat de présidente de TEAM ?

C’est justement pour nourrir ma curiosité !

Quelle que soit la localisation, j’ai toujours voulu avoir des activités en parallèle de mes missions professionnelles. Au Moyen Orient, j’ai intégré la Chambre de Commerce France Emirats à laquelle j’appartiens toujours. Je suis depuis plusieurs années marraine de l’association Elles bougent, qui promeut les carrières scientifiques auprès des jeunes femmes. J’aime me mettre au service d’engagements connexes à mon métier, où je peux apporter ma pierre, contribuer à des sujets qui m’intéressent. L’industrie du futur, cette connexion entre plusieurs mondes m’intéresse. J’apprécie le positionnement de TEAM Henri-Fabre en tant que « catalyseur » d’énergies différentes et à l’initiative d’échanges et de rencontres des acteurs de l’écosystème industriel avec des personnalités, des parcours et des horizons multiples. C’est ce qui m’a attirée vers ce mandat.

Qu’est-ce que vous souhaitez apporter à l’industrie pendant ces prochaines années ?

J’aimerais apporter ma vision internationale, et un point de vue « de côté ». Ce qui m’a surprise en dehors de la métropole, c’est que la manière de penser l’industrie, son rapport avec le monde économique est très différent. Or, nous avons un nombre d’experts incroyable chez TEAM Henri-Fabre, un conseil d’administration impressionnant… le monde académique, le monde économique y ont une place à prendre.

Par exemple, c’est l’un des rôles de la Chambre de Commerce France Emirats : nous accompagnions les entreprises françaises qui sont installées au Moyen-Orient en prenant en compte dans leurs activités les besoins du territoire.

L’industrie du futur c’est ça :   partir des besoins de demain, faire naître et accélérer des industries dont le pays a besoin, dans ce mouvement de réindustrialisation de la France que nous connaissons. Toute structure agile et flexible permettant de faire émerger les idées et les faire appliquer rapidement, va contribuer à ce projet global.

Pour vous, quelles sont les 3 grandes orientations stratégiques que doivent prendre les PME industrielles en 2024 ?

C’est une question difficile ! Mais typiquement nous avons un sujet autour de la compétence et de la formation de nos jeunes. Nous sommes dans une dynamique, où le pays prend un virage :  on se rend compte que l’on a délaissé notre industrie pendant des années et que l’on en « paie le prix fort » : on a perdu des compétences et une partie de notre souveraineté industrielle. Les PME sont la pierre angulaire de la reconstruction de ces compétences, : elles doivent participer à l’alternance, l’apprentissage, faire émerger des filières de compétences, de connaissances qui vont contribuer à la réindustrialisation.

Le 2e sujet est de garder la flexibilité, car c’est ce qui les rend agiles et compétitives. Elles n’ont pas complètement la main là-dessus, , mais c’est important de résister à l’envie de devenir trop  gros ;  parfois le volume peut empêcher d’avancer.

Je pense qu’historiquement, notre force industrielle vient de l’industrie de pointe sur quelques niches comme l’aéronautique, le transport, le nucléaire, le spatial… Ces grands projets comme la fusée Ariane, le TGV, nos centrales nucléaires, n’auraient jamais existé sans le tissu industriel fait de PME, avec leur flexibilité, leur inventivité. Peut-être pouvons-nous être spécialistes sur quelques sujets, pour nous démarquer. Nous sommes en pointe dans de nombreux secteurs ! Nous sommes reconnus comme l’un des leaders mondiaux des secteurs de la pharmacie, de l’aéronautique et de l’énergie par exemple.… C’est là que nous devons mettre le curseur, un peu plus haut que d’autres, ne pas se disperser et investir dans nos points forts.

 

Le 3e élément c’est la faculté d’innovation, et cela rejoint les 2 premiers : cela repose sur la compétence, la flexibilité, mais aussi sur les recrutements, le process, les manières de travailler. Ne pas hésiter à s’associer à des initiatives portées par des précurseurs comme TEAM Henri-Fabre mais aussi avec le monde académique, des incubateurs… pour entretenir ce mouvement d’innovation.

Comment TEAM peut selon vous aider les entreprises à mettre en œuvre ces orientations stratégiques ?

La France a ses cartes à jouer dans la décarbonation : nous utilisons 91% d’énergie bas-carbone, peu de pays peuvent s’enorgueillir de ça, avec des technologies et des expertises 100% françaises !

C’est en allant à l’international que je m’en suis rendue compte : l’ingénierie française est vraiment reconnue comme étant de pointe.

En tant qu’association, TEAM a pour enjeux d’accompagner et d’accélérer les projets des autres. Au sein de TEAM nous avons des experts très compétents et très engagés personnellement pour faire avancer ces sujets d’« industrie du futur ». Notre rôle est d’identifier les besoins des entreprises pour favoriser la rencontre entre les grandes entreprises et les TPE PME, les aider à détecter les synergies entre elles, afin que de nouveaux projets voient le jour :  Et il faut le faire savoir pour que chacun puisse s’en saisir.

Lorsque j’ai pris mes fonctions au sein de TEAM Henri-Fabre, je suis allée rencontrer l’équipe et visiter le technocentre. J’ai été époustouflée par l’équipe, d’un engagement incroyable, et par les technologies développées notamment sur la fabrication additive et sur la réalité mixte ; avec cette combinaison du virtuel et du réel : on a l’impression d’être dans le siècle d’après ! On fait un bond en avant dans le temps, tout ce qui est développé, testé, est enthousiasmant, on a une belle vitrine. Le projet d’extension du technocentre en 2024 va permettre d’étendre l’empreinte de TEAM Henri-Fabre : nous avons beaucoup de demandes d’entreprises qui souhaitent intégrer le technocentre que l’on ne peut pas encore accueillir, mais ce sera rapidement possible. Nous les attendons !

 

Merci à Stéphanie MARCO pour cet entretien.

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