C’est Marignane qui a emporté, face à Saclay, la décision finale d’implantation du fabricant russe de supraconducteurs. Le technoparc des Florides sera le centre européen de R&D de la société, dont la technologie de rupture n’est pas maîtrisée sur le Vieux Continent.
« Nous avons réalisé un mapping complet des sites en France. Deux répondaient à nos exigences. Nous avons choisi Marignane pour installer notre centre de R&D pour l’Europe, mais l’idée est d’en faire une plate-forme de réexportation. Marignane a emporté notre choix face à Saclay car nous voulons nous adresser à tous les secteurs français et européens de transport électrique. Ici, nous avons été reçus par des donneurs d’ordre de plusieurs filières intéressantes pour notre technologie », explique Cédric Etlicher. Installé à Moscou depuis 12 ans mais diplômé d’un 3e cycle de l’ESC Marseille Provence, le conseiller chargé du développement en Europe pour le compte du fabricant russe de supraconducteurs SuperOx, n’est donc pas totalement en terre inconnue.
La société russe ne l’est pas non plus. D’une part parce que la France représente déjà aujourd’hui un tiers de son chiffre d’affaires (non communiqué), soit une part égale à ses deux autres marchés : la Russie et le Japon. Mais aussi parce que la société créée en 2006 à Moscou par un Russe francophile (et ex-ministre), Andreï Vavilov, est déjà partenaire d’Airbus. « Nous travaillons sur projet d’avion électrique e-Fan prévu pour 2025-2030. Nous n’avons pas encore de projet avec Airbus Helicopters ou Airbus Defense & Space », précise celui qui est conseiller consulaire Russie-Biélorussie depuis 2014.
La PME, qui emploie 45 personnes en Russie et 5 au Japon, travaille à ce jour principalement avec des centres de recherche tels le CERN, ITER, le CEA, ainsi que les universités de Grenoble et Nancy. En 2016, elle a notamment emporté l’appel d’offres avec le CNRS de Grenoble pour la vente de câbles HTS 2G.
Technologie de rupture
SuperOx est à l’origine d’une technologie de rupture dans la supraconduction que « seules cinq entreprises maîtrisent à ce jour dans le monde, mais aucune en Europe », poursuit-il.
L’entreprise est engagée depuis deux ans dans un projet de développement au long cours (de 10 ans) qui devrait déboucher sur une nouvelle génération de câbles, capables de réduire jusqu’à 70 % le poids tout en évitant les déperditions d’énergie.
« Notre investissement à Marseille-Marignane va se monter dans les prochaines années à plusieurs millions d’euros. La technologie étant totalement nouvelle et les champs d’application illimités, nous ne pouvons pas appréhender le futur à court terme. Le potentiel pourrait nous conduire à rapidement signer d’autres partenariats industriels pour livrer des produits finis et qui engendreraient des investissements lourds tant en R&D qu’en production. En effet, la supraconduction a un intérêt double, tant en qualité de technologie d’avenir que dans l’efficacité énergétique appliquée aux nouvelles méthodes de production », précise Cédric Etlicher.
D’ici la fin de l’année, la filiale française, qui pourrait être labellisée JEI, emploiera trois personnes. Pour le russe, notre « exotique » contrée, saturée du crédits impôt recherche et autres investissements d’avenir, n’est pas dénuée d’intérêt …
A.D