La région a été choisie par EDF pour initier un premier forum exclusivement dédié à l’industrie de demain. Une évidence : L’industrie, c’est l’avenir … à condition qu’elle soit durable. Un duo gagnant : le numérique et les énergies bas carbone ?

 

« C’est une région industrielle qui s’ignore » mais réelle avec « ses fleurons comme Airbus Helicopters, Thales, Onet, Ortec », un potentiel dont témoignent « ses pôles d’excellence », son écosystème « qui forme des ingénieurs » et « soutient des startups », liste Jean-Bernard Lévy. Le PDG d’EDF ouvrait le 23 septembre à la Villa Méditerranée à Marseille la première édition d’un forum régional consacré à l’industrie. Celle de demain, celle de l’avenir, indique le mur d’écran qui surplombe la scène dans un amphithéâtre comble (plus de 400 personnes). À croire que l’industrie n’a pas encore épuisé toutes ses ressources et continue d’exercer un certain attrait, en dépit d’une actualité économique pourtant peu flatteuse animée par l’épisode d’Alstom au niveau national et la controverse Altéo sur le plan régional.

Effet surprise

Mais au-delà, il est singulier de voir un énergéticien reprendre l’initiative (en mode conquérant) sur un terrain (l’industrie) où il n’est pas spontanément attendu mais sur lequel il estime avoir des arguments pour inverser la donne et accompagner la transition (énergétique) vers une industrie plus durable.

« L’industrie, c’est l’avenir », épingle la première table ronde, à condition qu’elle actionne le levier des énergies bas carbone, soutient la seconde, et en cela, les technologies numériques pourront être opportunes, flèche la dernière.

En trois tables rondes, le ton est posé pour redonner de la motricité à un « actif » régional (25 % du PIB régional, 10 % de l’emploi) dont la chaîne de valeur, décortiquée par le Medef Paca, révèle un territoire étonnament autonome (dont les échanges sont à considérer comme des importations et exportations), exerçant pleinement un rôle d’entraînement en amont et en aval.

Place de l’État dans une stratégie industrielle

Naturellement, quand on adresse un secteur qui fut longtemps un symbole de toute puissance mondiale, le débat se « politise » très vite. « Il est indispensable de recréer un appareil industriel pour permettre à la France de tenir sa place en Europe et dans le monde. La création des pôles de compétitivité, le soutien à la filière numérique et le plan pour une nouvelle France industrielle s’inscrivent dans cette dynamique », place le préfet de Région Stéphane Bouillon, insistant aussi sur le rôle de l’appareil économique régional dans l’équilibre du pays.

Les politiques européennes, nationales, régionales… « ne donneront pas les mêmes résultats en fonction des hommes qui les mènent » recadre Renaud Muselier, président délégué de la Région PACA, avant de relancer le débat sur le rôle de l’État dans une stratégie industrielle. « Qu’il soit actionnaire ou se cantonne dans un rôle de stratège, il ne doit en aucun cas être un sleeping partner. Et, si l’on regarde au niveau européen, force est de constater que la France, qui ne sait pas suffisamment se servir de Bruxelles, n’est pas là où elle devrait être dans le Plan Juncker ». Pour le représentant de la Région, la stratégie est « d’orienter des moyens importants mais ciblés ».

Redressement de l’industrie française

Sans nier ses atouts – un espace géostratégique aux portes de l’Europe du sud qui « invite à une ambition internationale » – Martine Vassal, présidant le Département, rappelle néanmoins que la région affiche toujours un taux de chômage de trois points supérieur à la moyenne nationale. Une problématique d’inadéquation entre l’offre de formation et la demande des entreprises, analyse-t-elle.

La réhabilitation d’une industrie, encore trop souvent assimilée à ses vieilles cheminées, est un champ lexical que laboure inévitablement l’UIMM. Le redressement de l’industrie française ne se fera pas « en voulant concurrencer la Chine mais par la recherche, l’innovation, les hautes technologies et une formation adéquate », ajuste le président de l’UIMM Alexandre Saubot effrayé de voir le fossé se creuser entre le nombre de chômeurs et les difficultés à recruter pour certains industriels, contraints de refuser des contrats faute de ressources.

L’environnement est-il compatible avec l’industrie ?

bigot

« La troisième région consommatrice d’énergie de France ne produit que 13 % de ses besoins. On a besoin d’énergies pour se développer. Nous devons innover sur toutes les sources d’énergies renouvelables ».

Les solutions existent et l’ensemble des intervenants convergent : le projet FlexGrid (déploiement à grande échelle des réseaux électriques intelligents ou Smart Grids), lauréat de l’appel à projet national, en est une. L’hydraulique en est une autre. « Et, qu’on le veuille ou non le nucléaire en est une aussi », s’aventure Renaud Muselier.

Et demain, si le calendrier se stabilise, la recherche issue de ITER (grand programme international d’expérimentation et de coopération industrielle basé près du CEA de Cadarache sur la production de l’énergie nucléaire par le principe de fusion) rendra peut-être réelle une énergie quasiment illimitée, décarbonée et en majeure partie recyclable. Bernard Bigot (photo), directeur d’ITER Organization, donne rendez-vous en 2025 pour la production du premier plasma.

Éolien offshore

« 1 700 ingénieurs travaillent dans nucléaire français, abonde Jean-Luc Monteil, président du Medef PACA, qui ne désespère pas pour autant de « soigner la timidité » de Christian Estrosi sur l’éolien offshore.

« Installées à 15 km des côtes, on ne voit de la berge que des objets moins grands que des allumettes », appuie Antoine Cahuzac, directeur exécutif du groupe EDF en charge du pôle Énergies renouvelables, pour désamorcer les réticences. Le dirigeant rappelle au passage que pour aider les entreprises locales à innover dans ces domaines, l’agence « maison » Une rivière, Un territoire Durance Méditerranée propose « un ensemble de solutions concrètes telles des outils financiers (prêts participatifs, prise de participation au capital, ou lien avec d’autres financeurs) ».

Le salut par le numérique ?

philippe torrion

« C’est un accélérateur phénoménal » s’enflamme Philippe Torrion (photo), directeur exécutif du groupe EDF, en charge de la direction Innovation, Stratégie et Programmation, pour lequel à l’horizon 2020, le numérique représentera 5 % de la consommation mondiale d’énergie et gageant sur une alimentation avec de l’énergie décarbonée.

Le numérique a ceci d’essentiel qu’il permet de « régénérer un savoir-faire disparu, empoigne Bruno Grandjean, président de la Fédération des industries de la métallurgie (FIM), membre fondateur de l’Alliance pour l’industrie du futur. Le rapprochement de Google avec Fives et Michelin pour produire des éoliennes volantes permet aux deux entreprises françaises de se positionner dans la fabrication additive métallique, une opportunité unique de revenir dans la course ».

« S’il y a une volonté politique et une constance dans l’action publique », si l’appréhension du numérique « ne reste pas l’apanage des grandes entreprises », agrafe Philippe Darmayan, président de l’Alliance pour l’industrie du futur, président d’Arcelor France et si le territoire offre un cadre de vie propice à l’infusion de l’innovation, complète Bruno Grandjean, alors … il y aura un alignement de planètes entre énergie et industrie ?

« L’organisation de ce forum est née de l’idée d’un groupe d’acteurs de l‘économie* ayant noté qu’il manquait un espace de réflexion sur l’avenir de l’industrie de demain en Région Provence Alpes Côte d’Azur, qui regorge pourtant d’un potentiel de développement industriel considérable », justifiait Christine Baze, directrice de l’agence de développement territorial « Durance Méditerranée ». Le débat est ouvert. EDF y a déployé beaucoup d’énergie(s)…

A.D

* État, Région, Départements, Métropole, Chambres de commerce et d’industrie, EDF, CEA, ITER, PME, start-up, fédérations professionnelles, pôles de compétitivité, associations patronales, les institutions financières, les grandes écoles et les universités de la région PACA.

 

 

 

 

 

 

La région a été choisie par EDF pour initier un premier forum exclusivement dédié à l’industrie de demain. Une évidence : L’industrie, c’est l’avenir … à condition qu’elle soit durable. Un duo gagnant : le numérique et les énergies bas carbone ?

 

« C’est une région industrielle qui s’ignore » mais réelle avec « ses fleurons comme Airbus Helicopters, Thales, Onet, Ortec », un potentiel dont témoignent « ses pôles d’excellence », son écosystème « qui forme des ingénieurs » et « soutient des startups », liste Jean-Bernard Lévy. Le PDG d’EDF ouvrait le 23 septembre à la Villa Méditerranée à Marseille la première édition d’un forum régional consacré à l’industrie. Celle de demain, celle de l’avenir, indique le mur d’écran qui surplombe la scène dans un amphithéâtre comble (plus de 400 personnes). À croire que l’industrie n’a pas encore épuisé toutes ses ressources et continue d’exercer un certain attrait, en dépit d’une actualité économique pourtant peu flatteuse animée par l’épisode d’Alstom au niveau national et la controverse Altéo sur le plan régional.

Effet surprise

Mais au-delà, il est singulier de voir un énergéticien reprendre l’initiative (en mode conquérant) sur un terrain (l’industrie) où il n’est pas spontanément attendu mais sur lequel il estime avoir des arguments pour inverser la donne et accompagner la transition (énergétique) vers une industrie plus durable.

« L’industrie, c’est l’avenir », épingle la première table ronde, à condition qu’elle actionne le levier des énergies bas carbone, soutient la seconde, et en cela, les technologies numériques pourront être opportunes, flèche la dernière.

En trois tables rondes, le ton est posé pour redonner de la motricité à un « actif » régional (25 % du PIB régional, 10 % de l’emploi) dont la chaîne de valeur, décortiquée par le Medef Paca, révèle un territoire étonnament autonome (dont les échanges sont à considérer comme des importations et exportations), exerçant pleinement un rôle d’entraînement en amont et en aval.

Place de l’État dans une stratégie industrielle

Naturellement, quand on adresse un secteur qui fut longtemps un symbole de toute puissance mondiale, le débat se « politise » très vite. « Il est indispensable de recréer un appareil industriel pour permettre à la France de tenir sa place en Europe et dans le monde. La création des pôles de compétitivité, le soutien à la filière numérique et le plan pour une nouvelle France industrielle s’inscrivent dans cette dynamique », place le préfet de Région Stéphane Bouillon, insistant aussi sur le rôle de l’appareil économique régional dans l’équilibre du pays.

Les politiques européennes, nationales, régionales… « ne donneront pas les mêmes résultats en fonction des hommes qui les mènent » recadre Renaud Muselier, président délégué de la Région PACA, avant de relancer le débat sur le rôle de l’État dans une stratégie industrielle. « Qu’il soit actionnaire ou se cantonne dans un rôle de stratège, il ne doit en aucun cas être un sleeping partner. Et, si l’on regarde au niveau européen, force est de constater que la France, qui ne sait pas suffisamment se servir de Bruxelles, n’est pas là où elle devrait être dans le Plan Juncker ». Pour le représentant de la Région, la stratégie est « d’orienter des moyens importants mais ciblés ».

Redressement de l’industrie française

Sans nier ses atouts – un espace géostratégique aux portes de l’Europe du sud qui « invite à une ambition internationale » – Martine Vassal, présidant le Département, rappelle néanmoins que la région affiche toujours un taux de chômage de trois points supérieur à la moyenne nationale. Une problématique d’inadéquation entre l’offre de formation et la demande des entreprises, analyse-t-elle.

La réhabilitation d’une industrie, encore trop souvent assimilée à ses vieilles cheminées, est un champ lexical que laboure inévitablement l’UIMM. Le redressement de l’industrie française ne se fera pas « en voulant concurrencer la Chine mais par la recherche, l’innovation, les hautes technologies et une formation adéquate », ajuste le président de l’UIMM Alexandre Saubot effrayé de voir le fossé se creuser entre le nombre de chômeurs et les difficultés à recruter pour certains industriels, contraints de refuser des contrats faute de ressources.

L’environnement est-il compatible avec l’industrie ?

bigot

« La troisième région consommatrice d’énergie de France ne produit que 13 % de ses besoins. On a besoin d’énergies pour se développer. Nous devons innover sur toutes les sources d’énergies renouvelables ».

Les solutions existent et l’ensemble des intervenants convergent : le projet FlexGrid (déploiement à grande échelle des réseaux électriques intelligents ou Smart Grids), lauréat de l’appel à projet national, en est une. L’hydraulique en est une autre. « Et, qu’on le veuille ou non le nucléaire en est une aussi », s’aventure Renaud Muselier.

Et demain, si le calendrier se stabilise, la recherche issue de ITER (grand programme international d’expérimentation et de coopération industrielle basé près du CEA de Cadarache sur la production de l’énergie nucléaire par le principe de fusion) rendra peut-être réelle une énergie quasiment illimitée, décarbonée et en majeure partie recyclable. Bernard Bigot (photo), directeur d’ITER Organization, donne rendez-vous en 2025 pour la production du premier plasma.

Éolien offshore

« 1 700 ingénieurs travaillent dans nucléaire français, abonde Jean-Luc Monteil, président du Medef PACA, qui ne désespère pas pour autant de « soigner la timidité » de Christian Estrosi sur l’éolien offshore.

« Installées à 15 km des côtes, on ne voit de la berge que des objets moins grands que des allumettes », appuie Antoine Cahuzac, directeur exécutif du groupe EDF en charge du pôle Énergies renouvelables, pour désamorcer les réticences. Le dirigeant rappelle au passage que pour aider les entreprises locales à innover dans ces domaines, l’agence « maison » Une rivière, Un territoire Durance Méditerranée propose « un ensemble de solutions concrètes telles des outils financiers (prêts participatifs, prise de participation au capital, ou lien avec d’autres financeurs) ».

Le salut par le numérique ?

philippe torrion

« C’est un accélérateur phénoménal » s’enflamme Philippe Torrion (photo), directeur exécutif du groupe EDF, en charge de la direction Innovation, Stratégie et Programmation, pour lequel à l’horizon 2020, le numérique représentera 5 % de la consommation mondiale d’énergie et gageant sur une alimentation avec de l’énergie décarbonée.

Le numérique a ceci d’essentiel qu’il permet de « régénérer un savoir-faire disparu, empoigne Bruno Grandjean, président de la Fédération des industries de la métallurgie (FIM), membre fondateur de l’Alliance pour l’industrie du futur. Le rapprochement de Google avec Fives et Michelin pour produire des éoliennes volantes permet aux deux entreprises françaises de se positionner dans la fabrication additive métallique, une opportunité unique de revenir dans la course ».

« S’il y a une volonté politique et une constance dans l’action publique », si l’appréhension du numérique « ne reste pas l’apanage des grandes entreprises », agrafe Philippe Darmayan, président de l’Alliance pour l’industrie du futur, président d’Arcelor France et si le territoire offre un cadre de vie propice à l’infusion de l’innovation, complète Bruno Grandjean, alors … il y aura un alignement de planètes entre énergie et industrie ?

« L’organisation de ce forum est née de l’idée d’un groupe d’acteurs de l‘économie* ayant noté qu’il manquait un espace de réflexion sur l’avenir de l’industrie de demain en Région Provence Alpes Côte d’Azur, qui regorge pourtant d’un potentiel de développement industriel considérable », justifiait Christine Baze, directrice de l’agence de développement territorial « Durance Méditerranée ». Le débat est ouvert. EDF y a déployé beaucoup d’énergie(s)…

A.D

* État, Région, Départements, Métropole, Chambres de commerce et d’industrie, EDF, CEA, ITER, PME, start-up, fédérations professionnelles, pôles de compétitivité, associations patronales, les institutions financières, les grandes écoles et les universités de la région PACA.