PIA PERF Henri-Fabre
L’industrie du futur en formation d’attaque
TEAM Henri-Fabre pilote la gestion du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA) « PERF Henri-Fabre » destiné à mettre en œuvre les formations aux métiers de l’industrie du futur. A mi-parcours, le dispositif a permis de créer ou renforcer 52 formations et de former 1 200 jeunes, salariés, demandeurs d’emploi et formateurs.

Grâce au PIA PERF Henri-Fabre, plus de 10 500 personnes ont été à ce jour sensibilisées, à travers ses membres et les événements organisés, à l’industrie du futur, ses enjeux et la nécessité de s’y préparer en confortant ses compétences et qualifications… « 92 entreprises ont été touchées grâce aux moyens mis en œuvre. A fin 2020, 4,6 millions d’euros avaient été investis dans les équipements technologiques implantés dans les différents établissements partenaires » précise Aurore Pasquier, responsable Projets & Communication de TEAM Henri-Fabre et interlocutrice dédiée du programme. Signé en février 2018 par ses partenaires publics et privés à Istres, le PIA PERF Henri-Fabre poursuit trois objectifs d’emploi-formation. D’abord, investir dans des plateaux techniques de formation initiale et continue aux métiers de l’industrie du futur (machines, logiciels…). Ensuite, concevoir une plateforme de formations digitalisées pour individualiser les apprentissages et en faciliter et sécuriser l’accès. Cet axe doit notamment aboutir à la création d’une « usine virtuelle Henri-Fabre ». Enfin, instaurer, dans les formations, des zones et lieux collaboratifs à vocation pédagogique et transversale à plusieurs filières et établissements. Dès août 2017, fort du travail conduit depuis 2013 sur l’identification des besoins des industriels et des formations existantes (500 formations référencées), TEAM Henri-Fabre avait été sélectionné par la Caisse des Dépôts pour piloter et coordonner ce Programme d’Investissement d’Avenir (PIA). Aujourd’hui, force est de constater que le PIA PERF Henri-Fabre, appelé à se poursuivre jusqu’en 2022, a bâti un socle plus que prometteur…

Complémentarités avérées
C’est dans le domaine des plateaux techniques que la majeure partie des investissements s’est concrétisée pour acquérir, renouveler ou renforcer l’équipement des établissements partenaires (lycées, Pôle Formation UIMM, Arts & Métiers…). A charge, ensuite, pour chaque « référent » sur l’établissement d’organiser le planning d’utilisation entre ses élèves et les utilisateurs extérieurs (entreprises, salariés, demandeurs d’emploi…). « Les uns et les autres ont appris à mieux travailler ensemble. L’émulation créée autour de ces moyens technologiques est génératrice de business. Il reste quelques investissements à réaliser, mais renforcer encore ce maillage est un objectif » souligne Aurore Pasquier. La démarche s’est accompagnée de la mise en place de formations de formateurs (outils 3D, robots, reverse engineering, drones…). Plus de 80 en ont bénéficié. Le panel de formations a lui-même évolué puisque 52 ont été créées, remodelées ou confortées, notamment des bacs pro, BTS, bachelors, souvent en lien avec des plateaux techniques, mais aussi en appui à des demandes territoriales pour l’adaptation de compétences de demandeurs d’emploi (électrotechnique, maintenance, énergétique). « Une coopération étroite s’est nouée avec Pôle emploi pour identifier des profils en carence par rapport aux exigences de l’industrie 4.0 et développer des parcours personnalisés. 80% des personnes ont pu trouver une issue professionnelle dans la foulée ». A fin 2020, dans le périmètre du PIA, 594 personnes avaient été formées en alternance, 332 en formation initiale, 155 demandeurs d’emploi et 41 salariés. Près de 5 500 élèves avaient eu au total accès à des parties de formation ou aux plateaux techniques. « La montée en puissance en parallèle du Campus des Métiers et des Qualifications a permis de fonctionner en réelle complémentarité d’expertises » ajoute Aurore Pasquier.
Sur-mesure garanti
Sur les deux autres axes, la structuration se poursuit. Le PIA PERF Henri-Fabre a accéléré le déploiement de pédagogies novatrices. « L’usine virtuelle Henri-Fabre » est en cours de construction. « Aujourd’hui, une vingtaine d’élèves peut travailler sur des modules extrêmement différents, grâce aux outils digitaux et cognitifs proposés (plateforme BrainCore…), et obtenir tout de même à la fin le même diplôme. Nous œuvrons parallèlement à ouvrir les approches à des publics éloignés de l’emploi, à des « groupes projets »… L’évolution est constante et tous les acteurs ont bien conscience de la nécessité de pérenniser la dynamique collective instaurée après 2022 » note Aurore Pasquier.
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Laurent Renaux, directeur opérationnel, Campus des Métiers et des Qualifications d’excellence – Industrie du Futur – Sud
Le décloisonnement pour défi
Associer des institutions, des établissements scolaires, des industriels pour définir les formations aux métiers de demain était ambitieux. Le chemin se dégage, mais tout n’est pas encore défriché !

L’industrie du futur, même des industriels peinent à en définir précisément les contours. Fabrication additive, robotisation, réalité virtuelle et augmentée, internet des objets, analyse des données, intelligence artificielle, maintenance prédictive… Seule certitude à leurs yeux : l’obligation de se transformer ! Comment, donc, établir les formations qui demain répondront aux besoins de cette mutation ?
Pour Laurent Renaux, directeur opérationnel du Campus des Métiers et des Qualifications d’excellence – Industrie du Futur – Sud, dès l’origine, le PIA PERF Henri-Fabre impliquait une ambition : « s’ouvrir et coconstruire ». « La priorité était de faire émerger des centres d’excellence, des plateaux techniques de pointe, pour accélérer la montée en compétences des jeunes, des salariés, des demandeurs d’emploi. Il a fallu lever des freins, mais la dynamique de territoire est enclenchée ». Selon lui, le programme a aidé au « décloisonnement » entre les acteurs académiques et industriels pour s’entendre sur les « briques technologiques » à couvrir par des formations adéquates. « Les référentiels de formation « industrie du futur » ont été discutés et écrits avec les industriels sur les thématiques qui avaient émergé, dans les matériaux et procédés, le Big Data, les procédés additifs, la maintenance… Les grands donneurs d’ordres ont pris part à cette co-construction et à la réflexion sur la déclinaison opérationnelle ».
Croiser les regards
Très vite, un impératif s’est révélé : la formation des formateurs. « La montée en compétence passait d’abord par la leur, explique-t-il, afin qu’ils nourrissent leurs approches au-delà de leurs domaines traditionnels ». L’acquisition d’équipements technologiques, leur implantation dans des établissements différents (lycées, Arts & Métiers, Pôle Formation UIMM…) ont permis de déployer des modules d’enseignement en lien avec leur fonctionnement, tout en encourageant le croisement de regards.
Autre aspect positif pour Laurent Renaux : « Nous avons mis en place une méthodologie correspondant à la nécessité de se former tout au long de la vie ». Il le reconnaît : la multiplicité des partenaires, des enjeux public / privés, des modalités de financements rend le montage des projets collaboratifs complexe. Des contraintes plus terre-à-terre doivent être surmontées, comme les différences d’organisation en termes de calendriers, de périodes de stages des élèves et étudiants…
Pousser les frontières
La démarche ne cesse néanmoins de s’enrichir. En avril 2020, l’association « Campus » s’est créée avec des membres institutionnels, académiques et industriels, autour d’une équipe de gouvernance bâtie avec Industries Méditerranée, le Rectorat de l’Académie Aix-Marseille, la Région Sud et l’UIMM Alpes-Méditerranée. STMicroelectronics a rejoint cette association après avoir souhaité en 2019 apporter la branche « microélectronique / électronique » au Campus des Métiers, comme le CMP G.Charpak et le lycée Marie-Madeleine Fourcade à Gardanne. « L’association accroît encore les synergies pour co-construire des projets collectivement, mais aussi revaloriser certaines voies professionnelles, comme le bac pro, éviter de créer des formations à un niveau de qualification dont les industriels n’ont pas besoin, imaginer des modules appropriés pour les demandeurs d’emploi… Les effets du PIA PERF Henri-Fabre sur l’emploi, les diplômes, s’évalueront à long terme ».
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Jean Hubert, chargé de mission Campus des Métiers et des Qualifications, Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur
Capitaliser sur l’approche collective
Pour la Région Sud, le PIA PERF Henri-Fabre a permis d’instaurer un cadre collaboratif efficace entre les différentes parties prenantes privées et publiques.


Partenaire financier du PIA PERF Henri-Fabre aux côtés de la Caisse des Dépôts et de l’UIMM Alpes-Méditerranée, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a fait du programme l’un des piliers de son Opération d’Intérêt Régional « Industrie du Futur ». Le vice-président de l’institution, délégué à l’emploi, la formation professionnelle et l’orientation, Yannick Chenevard, l’annonçait lors de la signature du projet en février 2018 à Istres. « La plateforme va permettre de passer pour les entreprises d’un enseignement prêt-à-porter au sur-mesure ».
Le mouvement est plus qu’engagé aux yeux de Jean Hubert, chargé de mission Campus des Métiers et des Qualifications, au sein de la direction de l’Emploi, de la Formation et de l’Information aux Métiers de la Région. Et ce sur tous les plans : formation initiale, formation continue, formation des demandeurs d’emploi en vue de leur réinsertion professionnelle. « La priorité, à partir du recueil et de la validation des besoins de compétences exprimés par les filières industrielles, consistait à réussir à mettre en œuvre et concrétiser un travail commun entre partenaires publics et privés, quand tout le monde, auparavant, ne s’adressait qu’à son propre public. Cette mutualisation des connaissances et des actions a permis d’instaurer un nouveau cadre collaboratif appelé à se pérenniser. Sur les dix-huit mois restants du dispositif, il faut en effet réussir à maintenir et faire vivre le réseau dans un esprit d’ouverture similaire, même si la pandémie complique la situation ».
Efficace et attractif
L’optimisme reste de mise : « Nous avons réussi à organiser des formations pour des élèves mais aussi pour des salariés (apprentissage, contrat de professionnalisation) dans des lycées professionnels qui accueillaient des équipements industriels de pointe, à l’image de l’imprimante 3D métal implantée au lycée Jean Perrin. Malgré la crise sanitaire, il nous semblait important que les demandeurs d’emploi, comme les salariés d’entreprises privées désireux d’évoluer, puissent enrichir leurs compétences et disposer d’une carte supplémentaire lorsqu’ils postulent aux offres ».
Le territoire régional compte neuf Campus des Métiers et des Qualifications, chacun sur une thématique d’excellence régionale (numérique, agroalimentaire, tourisme, silver économie…). Jean Hubert est le référent de quatre d’entre eux. Mais à travers le PIA PERF Henri-Fabre, plusieurs filières sont simultanément concernées par les formations mises en place. Une volonté d’efficacité : « Dans les formations proposées, il existe toujours une base commune et la possibilité d’approfondir ensuite par des modules plus spécifiques à chaque filière. Le PIA PERF Henri-Fabre a aidé à déployer des plateaux techniques, une ingénierie et une offre de formation qui persisteront une fois les financements clos. Avec le monde industriel, nous entrons dans une relation gagnant-gagnant parce que des formations nouvelles sont nées sur la base des attentes qu’il avait exposées. Toutes les actions construites et développées ensemble ouvrent maintenant la voie à d’autres perspectives et projets susceptibles d’accroître l’attractivité de notre territoire, à l’image de RotorSkills 4.0 qui vise à faciliter l’accès aux métiers industriels par des approches pédagogiques innovantes ».
Objet d’un appel à projets lancé en 2020, RotorSkills 4.0 ambitionne de répondre à une exigence de montée en compétences en conception, production et maintenance des hélicoptères, identifiés par Airbus Helicopters et l’UIMM Alpes-Méditerranée, mais transposable à d’autres industries.
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Vidéos PIA PERF Henri-Fabre
Trois vidéos ont été réalisées dans des établissements partenaires du PIA PERF Henri-Fabre : le pôle Formation de l’Industrie / CFAI de l’UIMM Alpes-Méditerranée à Istres, le Lycée Rouvière à Toulon et le Lycée Jean Perrin à Marseille. Elles permettent de découvrir les projets mis en œuvre avec les enseignants et les élèves.